Ota Benga
Ota Benga, selon la retranscription américaine, est un Pygmée identifié sous le nom de Woto-a-Mbenga par les Bashilele habitant la région du Kasaï Oriental dont il est originaire, et qui connut une destinée particulièrement singulière et dramatique à l’image de la « Vénus noire » hottentote. Il fut troqué sur un marché d’esclaves du Kasaï contre du sel et des tissus avec huit autres Pygmées en 1904 par un missionnaire anthropologue Samuel Philips Verner qui les emmena aux Etats-Unis en vue de la Foire Internationale de Saint-Louis et de ses Journées de l’Anthropologie où ils furent présentés comme « le lien transitionnel le plus proche de l’homme ».
Verner les ramènera au Congo dès la fin de l’exposition, mais il reconduira Ota Benqa sur sa demande aux Etats-Unis en 1906. Mal lui en pris. Celui-ci se retrouvera en effet exhibé en compagnie des singes au jardin zoologique du Bronx à New-York – comme le voulait la pratique des « zoos humains » à l’époque – sous l’appelation « les ancêtres de l’Evolution ».
Lire la suite
Allongé dans un hamac dans la cage aux singes avec le gorille Dinah et l’orang-outang Dohung, Ota Benga attira 40 000 visiteurs en un seul dimanche. Mais de vigoureuses protestations se firent entendre, notamment de la part des milieux ecclésiastes noirs qui obtinrent finalement sa « libération ». Désespéré de ne pouvoir rentrer au Congo et dans l’impossibilité de s’adapter à la vie américaine, Ota Benga se suicida le 20 mars 1916 sans doute las d’être à jamais un objet de curiosité.
Pour ce faire, il enleva tous ses vêtements pour ne garder qu’un pagne, arracha ses couronnes dentaires destinées à cacher ses dents taillées, et alluma un grand feu cérémoniel. Après une dernière danse rituelle, il prit un pistolet et se tira une balle dans le cœur. Il avait une trentaine d’années. Il fut enterré dans une tombe anonyme à Lynchburg (Virginie) qui, après avoir été déplacée, a aujourd’hui disparu.
Abbé Stefano Kaozi
En raison de son caractère exceptionnel et surtout comme symbole d’émancipation sociale indigène, en tant que premier prêtre congolais, la trajectoire de l’Abbé Kaozi mérite qu’on s’y intéresse. C’est en 1899 que le jeune catéchumène Kaozi fut admis au petit séminaire de Mpala près de Lusaka pour devenir prêtre. Se retrouvant seul dans sa promotion, son maître l’amena à Baudouinville où il suivit les études de théologie de 1907 à 1913.
Sa prise de soutane le 30 mai 1909 causa une forte impression. Il passa ses années probatoires à Nyangezi au Kivu avant d’être ordonné prêtre le 21 juillet 1917 à Baudouinville (Moba) au Katanga. Fier de ce succès, le vicaire apostolique du Tanganyika, Mgr Victor Roelens, fera de cet événement un fait de société dans l’univers colonial de l’époque.
Lire la suite
A sa demande, le premier prêtre congolais fut adopté par le Roi Albert 1er comme son protégé. Après avoir passé quelque temps aux séminaires de Karima (Tanganyika) et de Lusaka, Kaozi profite de la fin de la première guerre mondiale pour élargir ses horizons et parcourir le pays dans la suite du Vicaire apostolique. En 1920, il découvre l’Europe où il assiste à Rome à la béatification des vingt-deux martyrs de l’Ouganda et où il rencontre le Pape lors d’une audience pontificale.
Ensuite, il visite la Belgique, à Malines où il rencontre le Cardinal Mercier et prêche à Ostende et à Anvers. Il célèbre même une messe à la Cathédrale Sainte-Gudule à Bruxelles. Lors de son séjour belge, il rencontre Panda Farnana, le premier Congolais diplômé de l’enseignement supérieur en métropole, avec qui il partage ses convictions sur l’avenir du Congo Belge. De 1926 à 1951, année de sa mort, vingt-six autres prêtres indigènes furent ordonnés, mais aucun parmi eux ne présenta de cas similaire de promotion sociale dans cet univers colonial.
Joseph Kabasele
« Indépendance Cha Cha », c’est Kallé Jeff, le Grand Kallé comme ses fans aiment l’appeler. Il lance cette chanson au soir de la fixation de la date de l’indépendance du Congo par la « Table ronde » de Bruxelles, qui deviendra largement emblématique et dépassera les frontières. Né le 16 décembre 1930 à Matadi (Bas-Congo), Joseph Athanase Kabasele Tshiamala, est unanimement reconnu comme le père de la musique congolaise moderne. Il révolutionne l’art d’Orphée au Congo en étant le tout premier à fonder en 1951 un orchestre moderne permanent, l’African Jazz.
Lire la suite
Associant les instruments musicaux folkloriques locaux et étrangers, notamment la guitare électrique, dans la musique congolaise, il introduit le rythme afro-cubain dans la rumba congolaise. Il voyage à travers le monde et son succès dépasse largement les frontières nationales. Artiste engagé et panafricaniste affirmé et convaincu, Grand Kallé utilise souvent la musique pour véhiculer le message de la décolonisation du Congo et pour défendre la cause d’une Afrique libre, unie et prospère. Ses chansons « Africa mokili mobimba » et « Independence Cha Cha » illustrent bien son engagement.
Sa présence fut aussi marquante lors de la tenue du sommet de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) à Kinshasa en 1967, au cours duquel il remit à chaque chef d’État présent un 45 tours à la gloire de son pays. Oublié, il meurt dans un dénuement total à Kinshasa en février 1982.
Laurent-Désiré Kabila
Une figure capitale de l’histoire récente du Congo, qu’il rebaptisera République Démocratique du Congo à sa prise de pouvoir en 1997. Surnommé le « Mzée » (formule de respect signifiant le sage) et le Père de la révolution, c’est l’autre héros national pour les Congolais, avec Lumumba, qui lui vouent un énorme respect pour avoir libéré le pays de la dictature de Mobutu lors de son coup d’État en mai 1997. Ce vieux loup, né en 1939 au Katanga, avait fait ses armes en tant que maquisard dans les forêts de l’Est du pays pendant de longues années.
Lire la suite
Ses premières luttes remontent au début des années 60 aux côtés de Jason Sendwe au sein des milices Balubakat au Katanga, alliées à l’insurrection des forces lumumbistes. C’est dans ce contexte qu’il rencontrera Che Guevara en 1965, de passage au Congo pour appuyer les guérilleros, ce dernier renonçant bien vite faute de trouver parmi eux l’esprit révolutionnaire adéquat selon lui… En 1997, L.-D. Kabila déclenche la première guerre du Congo et marche avec son armée, composée de nombreux kadogos (enfants-soldats), jusqu’à Kinshasa où il renverse Mobutu avec l’aide du Rwanda et de l’Ouganda.
S’en suivra la deuxième guerre du Congo, lorsqu’une fois arrivé au pouvoir, il lâchera ses alliés rwandais et ougandais. Entre-temps, Kabila s’est proclamé président du pays, fonction qu’il occupera jusqu’à son assassinat le 16 janvier 2001 (presque cinquante ans jour pour jour après Lumumba) dans son bureau du Palais de Marbre à Kinshasa. C’est son fils, Joseph Kabila, qui le remplacera au poste de président au lendemain de sa mort, et jusqu’à ce jour (conforté entre-temps par les premières élections congolaises de 2006 et 2011).
Joseph Kasa-Vubu
Premier Président de la République du Congo-Léopoldville dès l’indépendance, de 1960 à 1965, Joseph Kasa-Vubu est né à Dizi près de Tshela dans le Mayumbe (Bas-Congo) en 1915. Étudiant au petit séminaire (Mbata-Kiela puis Kabwe), il est jugé trop indépendant pour devenir prêtre. Les missionnaires l’orientent alors vers la scolarité normale et il deviendra enseignant. S’estimant insuffisamment payé pour son niveau d’instruction, il abandonne la carrière d’enseignant et devient employé dans une société agricole (Agrifor) pour ensuite devenir en 1942, aide-comptable au service des finances du gouvernement colonial.
À Léopoldville, il subit les influences parfois divergentes de divers groupes d’ « évolués » congolais, originaires de diverses provinces. Il se fera connaître en tant que dirigeant de l’organisation Kongo Abako. En 1958, il devient bourgmestre de la commune de Dendale (aujourd’hui Kasa-Vubu). Lors de l’accession du pays à l’indépendance, il est élu Président de la nouvelle République du Congo, avec Patrice Lumumba comme premier ministre. Évincé par le coup d’État perpétré par Joseph Désiré Mobutu en 1965, Kasa-Vubu est astreint à résidence à Boma et mourra par manque de soins en mars 1969.
Simon Kimbangu
Né le 12 septembre 1887 dans le village de Nkamba au Bas-Congo, Simon Kimbangu est décédé le 12 octobre 1951 en prison à Elisabethville (Lubumbashi) où il avait été déporté trente ans auparavant. Baptisé par la Baptist Missionnary Society en 1915, il devient catéchiste. C’est à cette époque que Simon Kimbangu dit avoir reçu une vision divine lui ordonnant d’aller prêcher et guérir les malades.
Pour éviter cette mission, Kimbangu quitte son village pour Kinshasa où il travaille quelques temps dans les huileries du Congo. En 1921, il retourne dans son village natal pour commencer sa mission divine. Le 6 avril, il guérit miraculeusement une jeune femme de Nkamba. La nouvelle se repand très rapidement dans le village et ses environs et il acquiert vite la réputation de ressusciter les morts, de rendre la vue aux aveugles, de faire parler les sourds et muets, de faire marcher les paralytiques et de chasser les esprits démoniaques.
Lire la suite
Des foules nombreuses accourent à Nkamba provoquant ainsi la méfiance des autorités belges. Bien que la prédication de Kimbangu n’ait pas de contenu politique affirmé, il prédit néanmoins la libération de l’homme noir sur un plan spirituel et physique, l’indépendance du Congo et la reconstitution de l’Empire Kongo. Il ajoute qu’un jour l’homme blanc deviendra noir et l’homme noir deviendra blanc.
Alertées par les missionnaires catholiques et protestants, les autorités belges l’arrêtent le 12 septembre 1921 pour sédition. Il est incarcéré à Thysville (Mbanza Ngungu) où il est condamné à mort. A la suite de la grâce royale (Albert 1er ), il voit sa sentence commuée en détention à perpétuité. Il sera déporté dans le Katanga où il mourra en prison après trente ans passés en prison. Ses fidèles et adeptes seront déportés dans les autres provinces pour étouffer le mouvement.
L’église kimbanguiste dénombre 37 000 familles de déportés. Inhumé à Lubumbashi, ses restes seront transférés en 1959 à Nkamba où un mausolée a été érigé en son honneur. En 2011, un tribunal militaire à Kinshasa a revu son procès et depuis lors Simon Kimbangu est considéré comme un des héros nationaux congolais.
Léopold II
Né Léopold Louis Philippe Marie Victor de Saxe-Cobourg-Gotha le 9 avril 1835 de l’union du premier souverain belge, Léopold 1er, et de Louise-Marie d’Orléans, fille de Louis-Philippe 1er . En 1853, il épouse Marie-Henriette de Habsbourg-Lorraine, archiduchesse d’Autriche et cousine de l’empereur François-Joseph 1er d’Autriche avec qui il a quatre enfants, dont un seul héritier direct décédé prématurément. Il succède à son père sur le trône en 1865 et devient Léopold II, deuxième roi des Belges, jusqu’à sa mort le 17 décembre 1909 au terme du plus long règne de la dynastie belge à ce jour.
Lire la suite
Persuadé très tôt de la nécessité pour la Belgique de se doter d’une colonie, Léopold II mit tout en œuvre pour accéder à un territoire en Afrique centrale, encore largement inconnue à cette époque. C’est ainsi qu’il mandate l’explorateur britannique Stanley entre 1879 et 1884 pour se constituer un État dans le bassin du Congo à partir de stations fondées par ce dernier et ses lieutenants. Ce qui donnera naissance à l’Etat Indépendant du Congo qui, fait unique, est propriété personnelle du seul souverain, tel que reconnu par la Conférence de Berlin en 1885.
Fin stratège, Léopold II savait que la Belgique n’avait pas la capacité politique de s’imposer sur le plan colonial face aux autres puissances européennes, ainsi parvint-il à se faire le chantre de la lutte contre l’esclavagisme qui sévissait alors au centre de l’Afrique, pour se voir confier la charge de ce territoire de 1884 à 1908. Date à laquelle, il confie le Congo à la Belgique qui en fait sa colonie jusqu’à l’indépendance. En homme d’affaires avisé, Léopold II mit en œuvre l’exploitation intensive du territoire congolais par la récolte de caoutchouc, d’ivoire, et par la construction de chemins de fer notamment.
Et mit sur pied de nombreuses grandes entreprises coloniales belges. Ce qui lui permit de s’enrichir considérablement. En bon « roi bâtisseur » tel qu’il sera surnommé, il consacrera une partie de sa fortune à des travaux urbanistiques de grande envergure à Bruxelles et dans d’autres villes belges, déterminé à affirmer la grandeur de la nation belge sur l’échiquier européen et mondial. Mais Léopold II fut aussi vivement critiqué par les associations humanistes de l’époque pour les méthodes brutales prétendument appliquées par les agents de l’EIC aux indigènes, dont les fameuses mains coupées et le travail forcé, ce qui donna lieu à une commission d’enquête internationale en 1903 à la suite d’une campagne menée notamment par les Britanniques, dont Edmund Dene Morel.
Les résultats de cette commission dédouanèrent finalement quelque peu Léopold II, arguant du fait qu’une partie de ces excès reprochés au Roi étaient dus aux guerres intertribales et à l’esclavagisme arabe, sans oublier les intérêts britanniques qui convoitaient notamment le Katanga, d’où l’origine également de ces attaques dans un but de déstabilisation à des fins stratégiques coloniales.
Quoiqu’il en soit, cela précipita le transfert de la colonie du monarque au gouvernement belge. Ces événements sont aujourd’hui l’objet d’une controverse historiographique importante, notamment depuis la publication des Fantômes du roi Léopold par Adam Hochschild avançant l’estimation, contestée, de dix millions de morts au Congo pendant cette période.
Patrice Lumumba
Né le 2 juillet 1925 dans le Sankuru (Kasaï oriental) et assassiné le 17 janvier 1961 au Katanga. Patrice Emery Lumumba est le 1er Premier Ministre élu de la République du Congo-Léopoldville à l’indépendance du pays, le 30 juin 1960, dont il est l’une des figures emblématiques principales. Son assassinat orchestré et commandité avec l’appui de nations étrangères, dont la Belgique et les États-Unis, l’installera définitivement comme un martyr et héros national auprès du peuple congolais.
Lire la suite
Ce rebelle né, réfractaire à l’autorité, et d’une haute intelligence, connaît un parcours scolaire difficile. En bon autodidacte, il occupera des postes d’employé dans différentes sociétés au Sud-Kivu, à Stanleyville (Kisangani) et à Léopoldville (Kinshasa) où il atterrit au début des années 50, et commence sa carrière journalistique et politique. Il obtiendra en 1954 sa carte d’ « immatriculé » réservée par l’administration belge aux congolais « évolués », dont le mode de vie et les mœurs se rapprochent de ceux prônés par le modèle colonial occidental.
Parmi ses hauts faits politiques, on peut citer son arrestation et le coup de théâtre de sa libération imposée comme préalable par ses amis congolais du MNC et des autres partis à la tenue de la « Table ronde » à Bruxelles, où se négocie l’indépendance du pays. Ainsi que son fameux discours inédit et jugé provoquant à l’adresse du Roi Baudouin lors de la proclamation de l’indépendance au Palais de la Nation, et qui signe son doute en partie son arrêt de mort. Les conditions de ses arrestations et évasions à répétition, jusqu’à son assassinat, composent un tragique roman-feuilleton qui a marqué les esprits.
Et qui se soldera par la mort de ce panafricaniste convaincu et militant pour un Congo uni, accusé de sympathie communiste dans un contexte brûlant de guerre froide, et qui n’aura eu de cesse de déranger tout au long de sa brève carrière politique. Après son assassinat, son corps sera dissous dans de l’acide sulfurique et ses restes dispersés dans la savane à l’entrée de Lumumbashi, rajoutant encore au mythe Lumumba.
Cardinal Joseph Malula
Nommé cardinal en 1969 par le Pape Paul VI, Joseph Malula sera le premier homme d’église congolais à obtenir ce titre. Il a laissé derrière lui un héritage important et le souvenir d’un personnage fascinant à plus d’un titre. Né à Kinshasa le 17 décembre 1917, il sera ordonné prêtre le 9 juin 1946 au Stade Reine Astrid à Léopoldville. Joseph Malula est d’abord professeur dans un petit séminaire à Bokoro avant d’être nommé vicaire à la paroisse Saint-Pierre dans la commune de Kinshasa. Il est le premier prêtre indigène à exercer cette fonction à Kinshasa, alors bastion belge de l’Eglise missionnaire coloniale. Surnommé par la population belge du Congo « le prêtre noir à la soutane blanche », sa renommée est croissante.
Lire la suite
Ses qualités de pasteur, le regard qu’il porte sur la situation coloniale, sa vision de l’avenir de l’Église au Congo ainsi que la densité de ses enseignements lui assurent régulièrement un auditoire pléthorique. Cette période coïncidant avec l’émergence de la vague de décolonisation au Congo belge et partout ailleurs en Afrique, Malula devient à Léopoldville l’une des chevilles pensantes de l’élite congolaise. Il axe sa réflexion sur deux considérations majeures : le déracinement culturel, produit de la situation coloniale, et la nécessité pour l’Eglise missionnaire de se distancer du pouvoir colonial.
En 1956, le Manifeste de la conscience africaine est publié sous sa houlette en réaction au Plan de trente ans de Van Bilsen. Joseph Malula devient archevêque de Kinshasa en 1964. La dimension socio-politique de la pensée et de l’action de Malula rencontrera la plus grande répression que l’Eglise congolaise ait jamais subie de la part du pouvoir dictatorial de Mobutu. Victime d’une campagne d’intimidation et d’isolement orchestrée par le pouvoir, Malula échappera d’extrême justesse quelques années plus tard à une exécution programmée.
En 1972, il est envoyé en exil forcé à Rome et reviendra à Kinshasa quelques mois plus tard à la faveur de l’intervention diplomatique et personnelle du Pape. Il meurt en Belgique le 14 juin 1989. Rapatrié à Kinshasa, son corps repose dans l’enceinte de la Cathédrale Notre-Dame du Congo.
Mobutu
On ne présente plus le « vieux léopard », qui a présidé aux destinées du pays, et donc de sa capitale, de 1965 à 1997. De son vrai nom Joseph-Désiré Mobutu, auto-rebaptisé Maréchal Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Banga dans le cadre de sa politique d’authenticité, ce qui signifie « Mobutu le guerrier qui va de victoire en victoire sans que personne ne puisse l’arrêter »…
Lire la suite
Il est né le 14 octobre 1930 à Lisala, dans la Province de l’Equateur, dans ce qui est alors le Congo Belge. A 20 ans, il entame une carrière militaire et rejoint la Force publique à Léopoldville dont il sort sous-officier. Il devient ensuite journaliste pour le quotidien L’Avenir en 1957. Ami de Patrice Lumumba, il rejoint le Mouvement National Congolais (MNC) lors de la « Table ronde » de Bruxelles en janvier-février 1960 pour négocier l’indépendance du pays.
A l’indépendance, il évoluera rapidement dans la hiérarchie militaire pour devenir chef d’état major. C’est lui qui fera arrêter et assigner à résidence son ancien ami Lumumba devenu premier ministre, et qui contribuera sous l’instance de puissances étrangères à le faire assassiner en 1961. Le 24 novembre 1965, il mène un coup d’État contre le gouvernement élu de Joseph Kasa-Vubu qu’il renverse avec l’aval de nations étrangères dont la Belgique et les États-Unis.
S’en suivent 32 ans d’un règne dictatorial agité, au cours duquel il réprimera dans le sang de nombreuses révoltes à Kinshasa et dans le pays, et nouera, en bon leader charismatique et opportuniste, diverses alliances avec des pays tiers en fonction de ses intérêts fluctuants. Et dont le pays sortira exsangue et endetté jusqu’au cou, lors de sa chute et fuite en 1997, à la suite de la prise de Kinshasa par l’AFDL de Laurent-Désiré Kabila. Il meurt quelques mois plus tard d’un cancer le 7 septembre 1997 à Rabat au Maroc, où il sera enterré dans l’indifférence la plus complète.
Paul Panda Farnana
Né le 12 mai 1888 à Nzemba dans le Bas-Congo, Paul Panda Farnana arrive en Belgique en avril 1900 en compagnie du Lieutenant Derscheird, qui était membre de l’expédition Bia. Son éducation étant prise en charge par la sœur du Lieutenant décédé entre-temps, il entame des études secondaires à l’Athénée d’Ixelles. Elevé par une femme célibataire et artiste, Panda est le premier Congolais à suivre des études supérieures en Belgique (Vilvoorde) et en France (Nogent-sur-Marne). Devenu agronome, il est engagé par le ministère des colonies en qualité de « chef de cultures de troisième classe ». Il retourne au Congo où il est affecté au jardin botanique d’Eala près de Coquilathville (Mbandaka) en Equateur.
Lire la suite
Alors qu’il est en congé en Belgique, la guerre de 1914-18 éclate. Il s’engage alors dans le « corps des volontaires congolais » avec deux autres compatriotes : Joseph Adipanga et Albert Kudjabo. Tous les trois seront faits prisonniers par les Allemands jusqu’à la fin de la guerre. Marqué par ces années de captivité, Panda se veut le porte-parole du Congo Belge à Bruxelles et multiplie les articles dans la presse.
Il fonde en 1919 l’Union Congolaise (Société de secours mutuel et de développement moral de la race congolaise), la plus ancienne association sans but lucratif initiée par des Congolais sur le sol belge. Et dont l’un des buts consistait à défendre les droits des vétérans congolais de la première guerre mondiale. Mais Panda Farnana a surtout été le premier nationaliste congolais à dénoncer avec virulence les méthodes coloniales mises en place par les Belges. Il réclamait par exemple la généralisation de l’enseignement laïc ainsi que l’accès des Congolais aux universités de la métropole.
Il plaidait également pour la participation de ses compatriotes au sein des instances décisionnelles de la colonie ainsi que pour l’africanisation des cadres. Militant actif du panafricanisme, Panda collabora avec Paul Otlet, Henri La Fontaine (collaborateur de Otlet), W.E.B. Du Bois et Blaise Diagne à l’organisation du deuxième congrès panafricain tenu à Bruxelles en septembre 1921. Par le biais notamment du ministre Louis Franck, Panda réussit par ailleurs à convaincre les autorités coloniales de ne pas appliquer la peine capitale à l’endroit de Simon Kimbangu accusé de sédition et condamné à mort.
En 1929, Panda revient au Congo où il est nommé directeur de la station de Kalamu (Bas-Congo). Il rejoint son village natal de Nzemba où il fait ériger une école ainsi qu’une chapelle dédiée à Saint-Paul. Il meurt mystérieusement en 1930 à 42 ans. On parlera d’un empoisonnement mais le mystère n’a jamais été élucidé, Panda lui-même restant une énigme.
Pierre et André Ryckmans
Père et fils, ayant tous deux occupé des fonctions importantes au sein de la colonie belge et ayant développé une pensée et analyse précurseuses et humanistes relativement inédites pour l’époque. Le premier, Pierre Ryckmans, a participé à la première guerre mondiale contre les armées allemandes d’Afrique au Cameroun, au Burundi et au Tanganyika, avant d’être agent territorial en Urundi (Burundi), et par la suite Gouverneur général du Congo Belge de 1934 à 1946.
La seconde guerre mondiale révéla toutes ses qualités, à la fois de détermination à garder le Congo hors de la guerre et à assurer au bénéfice des Alliés un effort de guerre exceptionnel.
Lire la suite
Ses nombreux écrits traduisent un grand intérêt et respect pour la culture des peuples africains rencontrés. Quant au second, André Ryckmans, il développe une profonde affection pour l’Afrique de par son enfance et la carrière coloniale de son père. Il est nommé à l’administration territoriale en 1954, et apparaît aussitôt en contradiction avec les méthodes traditionnelles empreintes d’un certain paternalisme au sein de l’administration belge.
André Ryckmans comprend rapidement que le système est devenu indéfendable. Et il n’aura de cesse de lutter pour que la « territoriale » cesse d’être un carcan administratif, et redevienne un instrument de développement tenant compte des réalités locales, et donnant la primauté aux intérêts locaux plutôt qu’à ceux de la métropole et de ses sociétés financières.
En 1959, lorsqu’il fut évident que la colonisation approchait de sa fin, André Ryckmans plaida, en vain, pour des solutions plus réalistes que celles que voulait instaurer le gouvernement belge, et pour que l’on adopte des formules plus conformes aux structures de l’Afrique traditionnelle. Ce faisant, il n’a fait que continuer la pensée de son père qui plaidait déjà pour une Afrique adulte et consciente de sa culture originale. André Ryckmans fut assassiné en juillet 1960 au moment de la mutinerie de l’armée coloniale.
Stanley
Né John Rowlands le 28 janvier 1841 au Pays de Galles d’une mère servante et de père inconnu, Henry Morton Stanley a connu un destin exceptionnel eu égard à ses origines modestes et son enfance passée en maison de correction. A l’âge de 17 ans, il embarque pour la Nouvelle Orléans où il travaille pour un négociant en coton du nom d’Henri Hope Stanley, dont il subtilisera le nom se faisant appeler dès ce moment Henry Stanley. En 1861, il participe à la guerre de Sécession, tout à tour dans le camp sudiste et nordiste, avant de travailler comme navigateur, puis de devenir journaliste.
Lire la suite
D’après la légende, c’est à Madrid, alors qu’il couvrait la guerre civile locale, qu’il reçut le 16 octobre 1869 un télégramme lui demandant de partir à la recherche du médecin et missionnaire David Livingstone, porté disparu en Afrique équatoriale. Après de longs mois d’exploration, il finira par retrouver ce dernier le 10 novembre 1871 à Ujiji, en Tanzanie, avec la fameuse expression restée célèbre : « Docteur Livingstone, je présume ? ».
Après cette expédition couronnée de succès, Stanley poursuivra ses explorations en Afrique équatoriale pour le compte de différents journaux. Avant d’être recruté par le souverain belge Léopold II pour un mandat de cinq ans afin d’acquérir pour le compte de ce dernier des territoires dans le bassin du Congo. Ce qui donnera naissance à l’État Indépendant du Congo, propriété personnelle du roi, et ensuite au Congo Belge. C’est Stanley qui pose également les premières fondations de ce qui deviendra Léopoldville et plus tard Kinshasa.
De retour au Royaume-Uni après d’ultimes explorations privées africaines, il est élu à la Chambre des Communes et sera en charge des affaires coloniales et internationales de 1895 à 1900. Anobli en 1899, sir Henry Morton Stanley meurt le 10 mai 1904 à Londres.