Située dans l’extrême nord de la province de l’Equateur, à la frontière de la République centrafricaine, Gbadolite est située en pleine forêt tropicale à une dizaine de kilomètres des rives de l’Oubangi. C’est une ville récente, construite à partir de 1967 lorsque ce n’était qu’un hameau de quelques huttes.
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Le Président Mobutu qui en était originaire en a fait une ville assez luxueuse, où les habitants jouissaient de privilèges que n’avait pas le reste du pays : l’électricité, un aéroport international qui pouvait accueillir le Concorde, des emplois en tant que personnel de maison, … Elle est subdivisée en trois communes : Gbadolite, Molegbe et Nganza. Le nom de la ville vient de Gbado te Lite en Ngbandi ce qui signifie le « baobab (Gbado) de (te) Lite » du nom du chef coutumier de l’ensemble des clans composants le groupement Lite. La population de la ville est estimée à 114 000 habitants selon le dernier recensement de 1984. Elle est composée de populations issues des principales ethnies de la région dont les Ngbandis (l’ethnie dont était apparenté Mobutu), les Ngbugbus, les Mbanzas et les Yakpwas. A la suite du développement économique de la région, d’autres groupes venant d’autres régions se sont installés, comme les Ngbakas, Ngombes, Monos, Budzas, Mongos, Bakongos, Swahilis, Balubas. Deux palais furent et quelques résidences ont été construites à Kawele pas loin de là. En 1997, à l’arrivée de Laurent Désiré Kabila, tout a été pillé et démolit et un an plus tard, Jean-Pierre Bemba chassait Kabila et en faisait le QG du MLC. Aujourd’hui, au mieux ce sera une visite de ruines qu’il est possible de faire…
Histoire
En 1960, la ville n’existe pas encore et la région se caractérise par plusieurs petits villages autour du centre diocésain de Molegbe dont on peut encore apercevoir la Cathédrale Saint-Antoine de Padoue construite en 1929 et le couvent Soeurs-filles de Molegbe. Dès son accession au pouvoir, Mobutu obtient le consentement des collectivités locales pour l’exploitation des terres afin de développer dans la région un centre économique pilote.
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En 1967, le missionnaire Arthur du Verney arrive à Gbado pour y implanter une église, une école, un centre de santé et un centre pilote pour le développement du milieu. Dans sa tâche, il est aidé notamment par Yamafula, un ingénieur agronome congolais.
Sous l’impulsion du travail des missionnaires et avec l’aval de Mobutu, le centre prend une certaine ampleur et quelques années plus tard est créé le Centre de développement agricole et industriel (CDAI). Autour de cette activité économique, la région se développe rapidement avec la création d’un aéroport international, de routes, de logements, d’un barrage hydroélectrique (barrage hydroélectrique de Mobayi)… Le tout sous la volonté de Mobutu. Plusieurs banques, industries, fermes s’installent également accompagnées par de nombreux villageois venant grossir la population urbaine. Le 25 mars 1982, avec la fusion de plusieurs groupements villageois, la cité de Gbado est fondée ; le 10 janvier 1987 elle devient la ville de Gbadolite.
La ville vit en réalité par la volonté de Mobutu. Issu de l’ethnie Ngbandi, la principale communauté de la région, ce dernier aura tôt la volonté d’installer une résidence parmi les siens. D’une région peu accessible, il fonde une ville au milieu de la brousse avec des infrastructures d’une ville de plusieurs milliers d’hab : il se fait ériger une résidence présidentielle à Kawele avec un pavillon chinois offert par le gouvernement chinois. Les activités économiques de la région sont contrôlées et gérées par la famille proche du président. Autour des années 1980, la région possède de nombreuses exploitations agricoles dont le CDAI, qui emploie près de 4 000 personnes, des fermes industrielles, des coopératives de producteurs et plusieurs sociétés privées. Parallèlement, plusieurs industries s’installent dans la région comme Coca-Cola, des entreprises forestières, immobilières, des sociétés de transformation de produits agricoles, etc. La région produit du manioc, du maïs, de la canne à sucre, de la banane, des arachides, du taro, le palmier à huile, du café, du cacao, du soja, du niébé… La région est également connue pour ses élevages. Mais après le départ de Mobutu et les pillages de la guerre, la ville sombre dans l’oubli et des grandes entreprises agricoles et industrielles il ne reste plus rien. Tous les produits de consommation sont aujourd’hui importés de République centrafricaine.
Accès
La ville possède à Moanda un aéroport international. La rivière Ubangi qui longe la ville et forme la frontière avec la République centrafricaine permet de se rendre dans ce pays par bateau. Il est peu probable d’accéder à Gbadolite en voiture car toute la région est très peu sûre et les routes très peu praticables.
Hébergement
La ville ne possède plus d’équipement hôtelier de qualité. A noter, le Motel Nzekele, le Guest-House et quelques autres établissements très sommaire.
Points d’intérêt
La ville ne possède pas réellement d’attrait. Construite pour magnifier la toute puissance de Mobutu, avec sa résidence présidentielle, ses banques surdimensionnées, ses avenues protocolaires, ses équipements inachevés… la ville d’aujourd’hui, vivant au ralenti, a une dimension un peu surréaliste.